La vie en Chine: un monde dur pour les Chinois

La vie est plutôt agréable en Chine quand on est étranger. Il y a certes bien des désagréments comme la barrière de la langue, et la forte pollution dans les grandes villes. Mais globalement, la vie est plutôt agréable :

– La vie coûte moins chère en Chine qu’en France, et la majorité des blancs en Chine arrivent à avoir des salaires presqu’aussi élevés en Chine qu’en France.

– On se sent différent. En France, dans la rue, je passe inaperçu… En Chine, les gens sont curieux, nous demandent d’où on vient, si on travaille ou on est étudiant… Il n’est pas rare qu’une fille me sourie dans la rue. C’est agréable

Mais pour beaucoup de Chinois, la vie est plus dure et beaucoup souhaitent émigrer aux USA rêvant de l’american way of life (ils se trompent toutefois à mon humble avis, la vie aux USA est très loin d’être aussi idyllique qu’on peut se l’imaginer en regardant films et séries TV) ou au Canada s’ils n’y arrivent pas (ce qui explique pourquoi beaucoup de Chinois souhaitent apprendre le Français : pour émigrer au Québec)

Sortons des clichés habituels sur la Chine – tous les Chinois ne sont pas ouvriers 14 heures par jour dans une usine,  tous les Chinois ne gagnent pas 100 euros par mois – pour vous décrire les enjeux auxquels sont confrontés la majorité des jeunes Chinois comme me l’ont bien expliqué plusieurs amis Chinois.

La compétition à l’école

Comme partout dans le monde, les parents Chinois souhaitent le meilleur avenir de leur progéniture et à réussir dans leurs études pour trouver un beau métier. Mais en Chine, c’est plus extrême car :

– Il y a peu de modèle social, et beaucoup de familles n’ont qu’un enfant (pas toutes bien sûr, j’ai rencontré une Chinoise de mon âge ayant 3 frères et sœur mais beaucoup quand même). L’enfant devra donc bien gagner sa vie pour pouvoir subvenir aux besoins de ses parents lorsqu’ils prendront de l’âge.

Le modèle éducatif est beaucoup plus sélectif qu’en France

L’entrée à l’université n’est pas un droit universel comme en France, mais se mérite (concours d’entrée). Ce n’est pas Harvard non plus, mais ce n’est pas facile non plus.

Du coup, la compétition est très forte à l’école puis au collège/lycée, à tel point que les professeurs et les parents disent aux élèves et à leurs enfants de ne pas avoir de petit copain/ petite copine pour ne pas se laisser distraite dans leurs études. C’est pour cette raison comme me l’expliquais une amie Chinoise que beaucoup de Chinois sont timides.

Une fois à l’université

Les universités Chinoises sont assez bon marché – comptez 1 000 euros les frais de scolarité pour l’année m’avait indiqué un étudiant Chinois et quelques dizaines d’euros par mois pour un hébergement en dortoir au sein du campus – et n’ont donc pas connu les dérives du système des universités américaines au prix prohibitif.

Mais niveau intimité, ce n’est pas top. Et une fois sorti de l’université, l’emploi sympa est loin d’être garanti. Avec plus de 20 millions d’étudiants en Chine, la main d’œuvre qualifiée est plus nombreuse que les emplois qualifiés disponibles, et il y a encore assez peu d’emplois dans les villes de second rang en Chine (en Chine, les villes sont classées en rang. Rang 1 : Beijing/Shanghai/Guangzhou, Rang  2 : Tianjin, Qingdao…, Rang 3 et ainsi de suite)

Bilan : La majorité des diplômés vont à Beijing ou à Shanghai chercher du travail. Compétition obligent, beaucoup ont des salaires très bas, de l’ordre de 400 euros par mois, ce qui est insuffisant pour vivre dans des conditions de confort normales dans la mesure où les logements sont très chers – 300 euros la chambre en colocation.

Beaucoup de jeunes diplômés cumulent les petits jobs, vont faire de la colocation dans la colocation (vivre à plusieurs par chambre) où ont besoin de l’aide de la famille (vivre chez ses parents ou aide financière) pour joindre les deux bouts.

Pour éviter cela, j’ai rencontré des Chinois qui sont partis étudier à l’étranger  – car indépendamment de la qualité de la formation, un diplôme à l’étranger est mieux perçu qu’un diplôme Chinois en Chine. En outre, connaître l’anglais permet de trouver un travail mieux rémunéré. J’ai rencontré plusieurs Chinois qui apprenaient l’anglais pour fuir les « jobs à 400 euros » et trouver un job à 800/1 000 euros par mois…

Fonder une famille

Chez les garçons…

Au bout d’un certain temps, le réseau et la croissance économique aidant, les diplômés chinois finissent par prendre de la bouteille et cherchent tôt ou tard à fonder une famille. Mais ce n’est pas facile, car l’argent est un des principaux critères de sélection de la part de la majorité des Chinoises.

Un ami avec qui je donnais un échange de langue me disait ne pas avoir de petite copine car il ne gagne que 4 000 yuans (500 euros) par mois, insuffisant pour prendre son autonomie financière et satisfaire les besoins des Chinoises, qui cherchent des hommes gagnant au moins 7 000 yuans (850 euros) par mois.

Ce n’est sans doute pas l’unique raison pour laquelle il était célibataire – beaucoup de Chinois sont timides, et certaines filles Chinoises ne sont pas vénales, la plupart des Chinoises occidentalisées ne le sont pas par exemple – mais une étude a montré qu’en moyenne, le minimum salarial que demandent les Chinoises pour leur futur mari est :

– 5 000 yuans par mois (610 euros) pour les Chinoises de 25 ans

– 6 000 yuans par mois (730 euros) lorsqu’elles ont 30 ans

– 7 000 yuans par mois (850 euros) lorsqu’elles en ont 35.

Outre le salaire, les garçons doivent idéalement posséder une voiture (compter 20 000 euros pour une voiture neuve, comme en France) et un logement (compter 200 000 euros pour 50m² à Beijing) pour pouvoir se marier.

Pire : il est souvent difficile socialement parlant de vivre avec une femme sans être marié avec. Bref, pour beaucoup de Chinois, une vie amoureuse épanouie est synonyme de mariage, qui lui-même est synonyme de succès économique.

En outre, la pression social est très féroce, d’autant plus qu’en raison d’avortements sélectif, il y a 120 garçons pour 100 filles en Chine, donc la compétition est féroce.

A une amie Chinois a qui je disais : « C’est absurde. Vu les prix à l’achat et à la location, le rendement locatif est ridiculement bas à Beijing. Mieux vaut donc louer que d’acheter et s’endetter à perpétuité. Quant aux voitures, les transports en commun sont plutôt pas mauvais et très bon marché, tout comme les taxis, quel intérêt il y a à se ruiner dans une voiture ?»

Elle me disait que j’avais raison, mais qu’en Chine, il faut montrer les apparences et que le reste a peu d’importances. Dire qu’on est propriétaire ou qu’on a une voiture ou un iPhone dans une moindre mesure donne un statut social élevé, et ce indépendamment du fait qu’on se doit endetté à vie et qu’on ne parte jamais en vacances…

Chez les filles…

Après le portrait que je vous ai fait des relations entre hommes et femmes en Chine, vous devez imaginer que la vie des femmes est relativement facile. Il n’en est rien. Certes d’un point de vue financier, mieux vaut à mon humble avis être une femme qu’un homme en Chine. Pour autant, la vie n’est pas facile pour les femmes Chinoises.

Quand l’homme Chinois se doit d’être très riche, la femme Chinoise doit être très belle.

Comme je l’expliquais précédemment, tout ce qui a rapport aux blancs est par défaut bien (ce qui n’empêche pas les Chinois d’être très patriotes) et ce qui a rapport aux noirs est mal (j’ai souvent lu des offres de professeurs de langue stipulant que le postulant devait être blanc, ou alors les gens demandant si on est français français ou français africain)

Dans les publicités de beauté/mode, la majorité des femmes sont blanches (occidentales) et les rares Chinoises qu’on y voit sont celles à la peau très blanche.

Le poids moyen des Chinoises de mon âge doit être de 45 à 50 kilos environ. J’ai rencontré une Chinoise de 1m71 et 55 kg se plaignant d’être trop grosse. J’ai essayé de la rassurer. J’avais beau lui dire que je ne faisais que 3 cm de plus qu’elle et 24 kg de plus qu’elle, cela ne suffisait pas à la convaincre  Outre le poids – au-delà de 55 kg, une femme Chinoise est considérée comme « grosse » – d’autres enjeux existent.

En outre, de nombreuses femmes utilisent des cosmétiques pour se faire blanchir la peau, et les opérations de débridage des yeux sont en pleine croissance en Chine. Dommage, les yeux bridés ont aussi leur charme…

– La taille moyenne des bonnets de soutien-gorge est A en Chine.

Push-up, chirurgie esthétique (et femmes complexées face aux occidentales) sont monnaie courante en Chine. Une amie Chinoise me disait « comme les Chinoises ont de très belles jambes et de petits seins, c’est pour cela qu’elles ont des minijupes mettant en valeur leurs jambes et des doudounes pour cacher leur poitrine »…

L’âge

Les Chinois aiment les femmes très jeunes. Une amie Chinoise me disait «  en France, vous vous mariez en général à 28 ou 30 ans. En Chine, dès 25 ans, on a la pression du mariage. ». En gros, en Chine, une femme doit idéalement se marier avant 25 ans. Si tel n’est pas le cas :

– Dès 26 ans, la famille fera pression

– A 28 ans, la famille s’inquiétera pour leur fille

– A 30 ans, la famille sera désépérée, 30 ans étant la « date limite de consommation » des femmes célibataires en Chine.

En général, les femmes Chinoises de 30 ans, pourtant souvent très belles, se tourneront vers les occidentaux, qui sont moins exigeants niveau âge d’autant plus que la majorité paraissent 5 ans de moins.

Le choix du mari

En Chine, comme en France, dans l’immense majorité des cas, les jeunes choisissent qui sera leur petit ami ou petite amie. Mais au contraire de la France où le mariage d’amour est la norme, outre l’amour, il faudra également que le mari ou la femme plaise à sa belle-famille.

J’ai rencontré une Chinoise de 23 ans sortant avec un allemand qui m’a dit que sa famille commence à s’inquiéter pour son avenir (a 23 ans, une Chinoise se doit de penser à se marier, rapidement de préférence) et ses parents ont trouvé un Chinois qu’ils souhaitent qu’elle rencontre…

Pour elle, la réponse est niet, elle tient trop a sa liberté et préfère les étrangers que les Chinois. Elle aime être indépendante et n’aime pas que l’homme paie tout, elle aime les hommes marrants plutôt que les hommes riches… Mais ses parents font pression.

Une autre Chinoise, sortant avec un Hollandais, me disait « les parents nous aiment plus que tout. On peut divorcer ou se disputer avec un mari, mais les parents eux sont tout pour nous. Si je dois choisir entre les parents et mon mari, ce sera mes parents. Si j’aime un homme mais que mes parents n’aiment pas mon copain, je ne me marierai pas avec ».

Bref, le choix du mari n’est pas facile. Il faut qu’il plaise aux parents et de préférence ne soit pas étranger.

La Chine s’est développé très rapidement. Quand les jeunes sont en plein dans la modernité, et pour qui les nouvelles technologies ou la mondialisation est une évidence  – beaucoup de Chinoises des grandes villes apprécient les étrangers (les Chinois aussi apprécient les étrangères, mais beaucoup ont peur d’elles, les trouvent trop libres) – c’est rarement moins leur cas de leurs parents, conflit de génération obligent.

Synthèse

La Chine a vécu 30 ans de croissance effrénée, ce qui a littéralement changé la vie de millions de Chinois, mais aussi renforcé la compétition et la pression sociale sur les Chinois.

La vie n’est pas facile pour beaucoup de Chinois, car l’homme doit être riche pour pouvoir trouver une copine (d’autant plus qu’il y 120 hommes pour 100 femmes, donc 15% des hommes resteront célibataires à vie en Chine…) mais aussi aider ses parents une fois plus âgés. La pénurie d’emplois (le chômage de masse sévit en Chine,  malgré ce qu’on en dit) notamment d’emplois qualifiés rend les choses difficiles.

Quant à la vie sexuelle, elle n’est pas facile, car avoir une vie sexuelle implique d’avoir un espace privatif, or beaucoup d’étudiants vivent en dortoir ou chez leurs parents. Et difficile de vivre avec une femme sans être marié en Chine.

Quant aux femmes, elles subissent certes moins la pression de l’argent que les hommes, mais subissent malgré tout :

– La pression éducative

– La pression des parents (trouver le bon mari)

– La pression sociale (être belle, jeune, ressembler à une blanche)

Et une fois mariées, les femmes subiront une nouvelle pression : celle de leur mari qui leur dira ce qu’elles ont le droit de faire ou ne pas faire…

Cet article est désormais terminé. J’espère que cet article vous a intéressé et à bientôt sur unfrancaisapekin.com. Si vous souhaitez avoir plus d’information sur la Chine et les Chinois, je vous invite à lire mon article « Patrir à Beijing: mode d’emploi »

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One Response to “La vie en Chine: un monde dur pour les Chinois”

  1. C’est le problème de tous ces pays émergents qui se sont trouvé propulsés dans la modernité en peu de temps, le poids des traditions est difficile à vaincre.
    Et encore tu parles des grandes villes, j’imagine ce que ce doit être dans les campagnes.