La Chine: c’est déjà le futur (exemple du TGV)

Carte de la Chine

La Chine, c’est le futur au présent. Voici quelques faits intéressants qui ne méritent pas d’être notés:

– Au niveau de la croissance, la Chine crée deux fois plus de richesse que les USA et l’Union Européenne réunie.

– La Chine dépassera les USA d’ici 2014/2016, et l’UE d’ici 2016/2018 pour devenir la première économie mondiale.

– Les Chinois achètent 20 millions de voitures par an. 2 fois plus qu’aux USA et 10 fois plus qu’en France…

– La Chine dispose de plus d’ingénieurs que les USA, l’UE et le Japon réunis.

– La Chine monte en gamme: l’industrie textile ou des jouets Chinois souffre et délocalise au Pakistan ou au Viet-Nam car la main d’oeuvre Chinoise est trop chère (ca ne vous rappelle rien?), 5 fois plus chère qu’au Viet-Nam par exemple. La Chine tente de monter en gamme: elle est déjà leader mondial des voitures électriques, des énergies renouvelables: 70% du solaire et 50% de l’éolien mondial se fait en Chine, qui ne compte pourtant que 20% de la population mondiale.

– La Chine dépose désormais plus de brevets que les USA (526 000 sur un total mondial de 2 millions en 2011). La Chine est en train de développer un avion plus économe en carburant et moins cher que les Airbus et Boeing dernier cri, qui sera vendu d’ici 2014/2016…

La Chine est ambitieuse

Quand la Chine veut, la Chine peut. Prenons deux exemples: le gestion de Pékin et le TGV

1. Le gestion de Pékin

Prenons l’exemple de Beijing. En l’an 2000, il n’y avait que deux lignes de métro à Pékin… Pour 13 millions d’habitants…  Les bouchons étaient affreux tout comme la pollution. A l’approche des Jeux Olympiques de Pékin, les autorités ont décidé d’agir… Cela bouge très vite depuis: 6 lignes de métro ont été construits de 2002 à 2008, et le prix  du métro a été divisé par 2 pour inciter les gens à délaisser leur voiture. Les usines polluantes (notamment l’aciérie n°1, le pollueur n°1 de Beijing) ont été priées de plier bagage, et les voitures sont désormais limitées: interdiction de rouler un jour par semaine, loterie où seulement 9% des participants gagnent le droit d’acheter une voiture.

Mais ce n’est pas suffisant: bien qu’en 10 ans, Pékin ait construit un métro 1,5 fois plus grand et fréquenté que celui de Paris, le métro est en sous-capacité chronique comme le montre les embouteillages de piétons, fréquents aux heures de pointe. Il faut dire que chaque année, la population augmente de 600 000 à 700 000 habitants par an et l’économie croit de 10% par an. C’est comme si on ajoutait Toulouse tous les ans…

Concernant le développement de la ville, il s’accélère: 4 lignes de métro sortent de terre tous les ans désormais et une dizaine est en cours de construction. Demain, plus de 50 stations seront inaugurées faisant du métro de Pékin le plus grand du monde… Au niveau pollution, Pékin développe le métro mais aussi un plan anti-pollution: 45 milliards d’euros seront investis en 5 ans dans les plus grandes villes du pays uniquement pour lutter contre la pollution…

2. Le TGV Chinois

En 2007, il y avait… 0 km de lignes à grande vitesse en Chine. 0 TGV, rien, nada. Face à ce retard, la Chine a décidé d’investir dans le train rapide. Et quand la Chine investit… En 5 ans, au moins 257 milliards d’euros ont été investis dans le train rapide, et près de 10 000 km de lignes rapides (le plus grand réseau du monde, 50% de tous les TGV sont désormais en Chine) sont sortis de terre en 5 ans.

Ligne Pékin/Canton: 2 300 km de TGV

Contrairement aux USA qui promettent un TGV depuis des lustres, mais n’agissent pas, la Chine agit vite: le 26 Décembre a été inauguré la ligne Pékin/Canton longue de 2 300 km, la plus grande ligne de TGV du monde (3,5 fois celle de Paris/Marseille), permettant de traverser la Chine (un pays grand comme les USA) du Nord au Sud… en à peine 8 heures (source)

Oui mais…

La Chine bouge très vite.  Trop peut-être, vu les défis qu’elle devra surmonter à l’avenir Inégalités grandissantes, manque de femmes, vieillissement de la population, hausse (trop) rapide des salaires, consommation intérieure trop faible, désertification du pays, chômage de masse. Car oui il y a énormément de chômage en Chine, caché grâce aux nombreux petits boulots (employée payée à appuyer sur les boutons d’ascenceur, 10 employés payés à rester debout dans les bouches de métro, chaque bus dispose d’un chauffeur et d’un vendeur de ticket alors qu’en France, le chauffeur fait les deux en même temps)

Au niveau pollution, le défi reste entier. Lorsque Pékin a fermé ses aciéries, la croissance automobile a pris le relais et la pollution est resté élevée. Depuis, le métro se construit rapidement et les voitures sont désormais limitées, mais il reste les centrales au charbon et le trafic aérien en plein essor (un aéroport grand comme 3 fois Charles de Gaulle est en cours de construction). Bref, le serpent se mort la queue car tout effort est presqu’aussitôt anéanti par autre chose…

La face cachée du TGV Chinois

Quant au TGV, tout n’est pas tout rose en Chine:

– De nombreux problèmes de corruptions et de problèmes de sécurité entachent le TGV Chinois comme les 35 morts lors de la collision de 2 TGV en Chine (un orage avait coupé l’alimentation électrique d’un TGV, et celui de derrière lui est rentré dedans. L’accident se passant sur un viaduc, quelques wagons sont tombés dans le vide, en savoir plus)

– Le TGV n’est pas si écologique que cela en Chine. Selon ce site, un passager de train rapide consomme 83 Wh par km parcouru, soit 191 Kw/h sur le parcours Beijing/Guangzhou. L’électricité est massivement produite au charbon en Chine (80%, 1 Kwh charbon = 1 kg de co2), le bilan carbone du trajet est donc d’environ 150 kilos de co2, sans même compter l’impact de la construction de la ligne et des rames de TGV.

C’est moins qu’un trajet en avion (400 à 500 kilos), et l’énergie indirectement consommée par le TGV (charbon) est produite localement contrairement au kérosène, importé. Mais c’est loin d’être parfait

 

 – le TGV est très cher. 30 milliards d’euros pour construire la ligne Pékin/Canton. Quand RFF (réseau ferré de France) a 30 milliards de dette, le ministère des chemins de fer à 257 milliards de dette… Même les lignes les plus fréquentées ne sont guère rentables. La LGV Beijing/Tianjin, pourtant fréquentée par 25 millions de voyageurs par an (deux fois plus que le TGV Est) n’est pas rentable, il en faudra au moins 40 millions pour qu’elle le devienne.

Mais surtout…

Le TGV est très cher

Le TGV est très cher en Chine: 865 yuans (plus de 100 euros) l’aller/simple entre Beijing et Guangzhou. Le salaire d’un employé de bureau à Pékin est de 3 000 yuans (400€) à 4 000 yuans (500€) par mois. Un aller/retour consomme donc 2 semaines de salaires d’un employé de bureau, l’équivalent de 600€ en France par rapport au pouvoir d’achat local. Plus encore car les salaires en dehors de Pékin et de Shanghai demeurent très bas en Chine.

A titre d’information, j’avais payé 30€ (70% moins cher) pour un trajet Pékin/Hong-Kong, un trajet aussi long que Pékin/Canton. Certes, c’était plus long (24 heures au lieu de 8) mais 70% moins cher.

Un TGV aussi cher que l’avion

Lors de mon premier séjour à Hong-Kong, j’avais payé 210€ mon aller/retour en A380, soit 105€ par aller/simple, le même prix que le TGV… J’avais un bon prix certes, le prix en avion est généralement de 300€ aller/retour (50% plus cher que le TGV), mais en cherchant bien, l’avion peut être plus compétitif.

Pour qui est le TGV Chinois?

Pour gagner 1 journée de transport, il faut accepter de payer 600 yuans de plus pour un train rapide, sachant que le salaire moyen journalier est de 200 yuans à Beijing.

– Les gens pauvres ou modestes continueront sans aucun doute à prendre le train lent, inconfortable et lent, mais significativement moins cher que l’avion. Il n’y a pas que les pauvres à penser ainsi. Quand j’avais été à Hong-Kong, j’avais pris le train lent, un ami américain avait fait le même choix, par souci d’économie.

– Les gens riches en Chine sont très riches (les inégalités sont aussi grandes en Chine qu’au Brésil). Les gens riches ou la clientèle entreprise préfère sans aucun doute prendre l’avion (3 heures) que le train (8 heures), car ils ne sont pas à quelques centaines de yuans près, et l’avion n’est pas toujours plus cher que le TGV, d’autant plus que les compagnies aériennes Chinoises vont baisser leur prix pour rester compétitif face au train rapide.

Des études montrent que la majorité des voyageurs préfèrent l’avion au train passé 3 à 4 heures de trajet

Synthèse train rapide

Le TGV semble donc peu intéressant, et peu de personnes prendront le train de bout en bout, à part peut-être quelques voyageurs de dernière minute, pas assez riches pour prendre l’avion (le prix augmente les derniers jours en avion et reste fixe en train) et n’ayant pas une journée à perdre en train.

Une autre cible est sans doute les voyageurs entre les villes intermédiaires. Le TGV dessert 35 villes, dont beaucoup méconnues – comme Zhengzhou (3 millions d’habitants), Wuhan (6 millions) ou encore Changsa (4 millions). Si peu de gens prendront le TGV entre Beijing et Guangzhou, sans doute bien plus prendront la ligne pour effectuer le trajet entre deux villes intermédiaires…

Conclusion

La Chine dispose à la fois des capacités financières et politiques d’atteindre ses ambitions. En 10 ans de pouvoir de Hu Jintao, le PIB de la Chine a été multiplié par 4 (les 30 Glorieuses en 10 ans) et le pays s’est modernisé comme jamais. Chaque jour, une station de métro et 30 km d’autoroute sont construits quelque part en Chine. Les salaires augmentent de 20% par an, le pays innove de plus en plus. Le futur existe déjà, il faut aller en Chine pour le voir.

Mais pour autant, les problèmes en Chine demeurent nombreux. Derrière la vitrine du succès économique (exemple: la LGV Beijing/Guangzhou) se dressent un bilan plus contrasté: corruption, prix trop élevés, bilan carbone trop élevé… Sans compter les autres problèmes auxquels devra faire face la Chine: lire aussi la Chine, le début de la fin.

Enfin, certes la Chine deviendra la première puisse économique mondiale d’ici 2014/2016, mais elle devra également s’imposer d’un point de vue culturel (soft power) et militaire pour devenir une superpuissance, le travail est encore long.

 Cet article est désormais terminé. j’espère qu’il vous a plu et à bientôt sur Unfrancaisapekin.com

 

 

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3 Responses to “La Chine: c’est déjà le futur (exemple du TGV)”

  1. […] on http://www.unfrancaisapekin.com Share this:TwitterFacebookWordPress:J’aimeSoyez le premier à aimer […]

  2. idebenone dit :

    On June 13, 2011, the Ministry of Railways clarified in a press conference that the speed reduction was not due to safety concerns but to offer more affordable tickets for trains at 250 km/h and increase ridership. Higher speed train travel uses greater energy and imposes more wear on expensive machinery. Railway officials chose to run faster trains at 300 km/h instead of 350 km/h to achieve closer train spacing and greater capacity utilization. Trains on the Beijing-Tianjin high-speed line and a few other inter-city lines will continue to run at a top speed of 350 km/h.

  3. martin dit :

    You are right. High speed trains cost a lot more (energy, engineering) which implies higher costs for little benefits. But high speed train is still in a rapide expansion in China

    Have a nice day

    AMrtin